Renaissance et reconnaissance

Qui aurait pu penser que j’allais me mettre dans un tel pétrin aujourd’hui en faisant une simple ronde avec mon partenaire de boulot. S’il était devenu un bon ami et un frère de meute, je n’en restais pas moins concentré au travail malgré l’ambiance clairement plus détendue depuis que nos réelles conditions nous étaient connues pour l’un et pour l’autre. Cependant, il était évident que nous ne le crions pas sur tous les toits étant donné que les familles de chasseurs sont en ville et j’appréhende d’autant plus cette idée que j’ai grandi avec certains d’entre eux. Fort heureusement, je suis parti de Tulsa j’étais encore jeune et j’ai beaucoup changé donc me reconnaitre aussi facilement tiendrais de l’exploit, surtout avec mes cheveux que je laisse progressivement poussés et tout comme ma barbe.

Toujours est-il que j’avais comme un mauvais pressentiment depuis ce midi mais sans vraiment y prêter attention et sans vraiment en faire part à mon coéquipier non plus. Et puis le centre d’appel nous as envoyés dans un entrepôt qui semblait être emplis de squatteurs et nous y sommes allés comme une simple comme une simple intervention de routine. L’on s’attendait à trouver des squatteurs lambda, des drogués et des sans-abris probablement. Mais la réalité fut toute autre… A la place, nous nous sommes retrouvés dans un repaire de vampires, assoiffés de sang et surtout pas originaire de la ville. Des gens qui était de passage dans le coin et qui avaient trouvé refuge pour quelques jours dans cet entrepôt. L’odeur caractéristique des vampires était si puissante en entrant dans le hangar que nous avons échangés un regard avant de poursuivre. Grosse erreur. Nous aurions sans doute dus rebrousser chemin et ne pas nous en occuper mais non, il a fallu qu’on y aille.

Et sans surprise, l’on s’est retrouvé encerclés par une quinzaine de vampires. Visiblement rassasiés et fort, ils étaient aussi préparés à l’idée d’avoir de la visite là où nous ne l’étions clairement pas. Après, une bagarre plus qu’intense, ils ont sortis des armes à base d’argent et j’ai voulu protéger mon coéquipier en m’en prenant à celui que j’estimais être le chef. J’ai donc été pris pour cible et ait reçu plusieurs petites dagues en argent dans le corps. Aucune ne toucha mon cœur et heureusement. Ma moitié condition de chasseur me permis de tuer encore deux vampires de plus avant de prendre un coup de dague en argent à la tête et que l’on me fasse passer par la fenêtre du quatrième étage de l’entrepôt. Rien pour amortir à la chute sauf le soleil qui me délivra de l’emprise des vampires.

Mon souffle se coupa et ma vision devint alors floue. Les blessures que j’avais sur le corps, un simple humain n’y aurait pas survécu, probablement qu’un loup serait encore plus mal en points que moi mais je respirais toujours. Malgré le râle douloureux et agonissant, je tentais de trouver de l’air. La chute n’avait pas du aider à mes différentes blessures. Bientôt, dans mon champ de vision, j’aperçus le visage de mon partenaire sans avoir la possibilité de parler, de lui répondre ou même de bouger. Je le regardais prendre son téléphone mais je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il pouvait dire. Le gout du sang se rependit dans ma bouche et je sentais comme une vague de fraicheur dans tout mon corps. Cette fatigue soudaine me fit fermer les yeux rien qu’un instant avant de sentir à nouveau la douleur. Je hurlais tant l’agonie était présente mais l’on me sortait de là. J’ouvris les yeux mais hormis le voile noir qui me brouillait la vue, je ne pus distinguer quoi que ce soit, hormis la soirée qui arrivait lentement. L’odeur de l’alpha se fit sentir et je compris alors que j’étais entre de bonnes mains. Peut-être m’emmènerait-il chez l’émissaire de la meute… Peut-être que ma vie ne s’arrêterait pas aussi rapidement, pour une patrouille stupide dans un entrepôt.

Si j’ai le sentiment d’être à la fois dans la merde et en sécurité, j’ai également les sensations de conscience et d’inconscience. Comme si je parvenais à comprendre ce qu’il se passait autour de moi, sans réellement les comprendre ou même pouvoir agir dessus. L’on me transporte et je sers les dents par moment, mais je comprends aussi que les blessures sont graves et que j’ai besoin de soin. Je vais devoir me laisser faire pourtant je déteste ce sentiment d’impuissance qui m’envahit alors que je me laisse guider par l’Alpha. Je lui dois tout et pour rien au monde, je ne remettrais en doute sa parole. Alors qu’elle me parle, qu’elle me soutient et me rassure, je me laisse faire dans cet état cotonneux qui me garantit malgré tout que je suis toujours en vie.

Je bouge malgré moi sans pour autant parvenir à ouvrir les yeux trop longtemps tant la lumière est aveuglante. Je tente de marmonner des paroles sans pour autant parvenir à prononcer le moindre mot. J’écoute les bruits environnants pour trouver ce qui pourrait me rassurer sans pour autant parvenir à mémoriser ou déterminer le moindre son. Et puis il y a cette voix, douce et féminine qui me laisse entendre que l’on va me prendre en charge. L’émissaire de la meute… Personne ne connaissait son identité à part l’alpha et c’était logique en soi, mais cette voix se marqua dans mon esprit comme une lame brûlante sur une peau nue. Sans le vouloir, je réagissais à ses paroles, même si elle ne s’adressait clairement pas à moi, mais bien à l’Alpha qui lui expliqua mon altercation avec des vampires et ma chute de plusieurs étages après m’être fait trouer par des balles en argent de part et d’autres du corps.

Je me laissais être soigné non sans quelques grondements et grimaces de douleurs lorsqu’elle me cassait les os à nouveau pour les remettre clairement en place ou bien lorsqu’elle retirait les morceaux du métal qui empoisonnait mon corps. Je me souviens avoir attrapé sa main à un moment, toujours en gardant les yeux fermés pour préserver son identité et « jouer le jeu » mais tout en articulant quelques mots :

« Ne me laissez pas mourir… »

Sa voix pénètre alors mon âme comme une ange qui me délivre de tous mes maux et qui me promet à un avenir plus serein et plus sauf. Je ne suis pourtant toujours pas à l’abri de faire resurgir mon passé, encore moins dans cette ville, mais qu’importe, j’avais ce besoin de retour aux sources et peut-être que dans le fond, ce passage près de la mort me servira de leçon. Cependant, c’est progressivement une autre voix qui s’impose à mon esprit. Une voix plus maternelle et plus angélique. Une voix que je ne connais pas et qui cependant me reconnait aussitôt puisqu’elle m’appelle par mon véritable. « Lucas… Lucas… ». Je me sens comme happé par cet appel qui n’est en réalité qu’une hallucination, mais qui pour l’instant me semble si réelle. Le temps passe et je n’ai pas bougé, mais cette voix va et vient comme si elle insistait :

« Ma… man ?? … c’est toi ? ... »

Partagé entre la douleur, l’angoisse et l’agonie, je n’étais pas certain de comprendre où je me trouvais exactement. Tout semblait à la fois clair et flou… Comme si les couleurs, les sons et les paroles étaient à la fois intenses et discrètes. J’étais persuadé d’entendre ma mère m’appeler alors qu’elle ne pouvait pas me parler puisqu’elle n’était plus de ce monde… et quand bien même, je n’aurais jamais pu me souvenir de sa voix… Alors c’était la voix de qui ?

J’avais cette impression d’être dans le gaz alors que je me souvenais de ma chute… est-ce que j’étais réellement en train de me réveiller ? Est-ce que cette voix était vraiment celle de ma mère ? ou d’une autre personne que je ne connaissais pas ? Je n’avais pas ouvert les yeux, mais j’avais exprimé ma semi-conscience et cela avait eu un effet immédiat… Un pincement se fit sentir dans mon bras alors que je replongeais dans les nuages…

« J’suis pas Lucas… j’suis … Ethan… »

J’ignorais si l’on m’entendait parler, mais si jamais des personnes néfastes semblaient vouloir s’en prendre à moi, je me devais de dire que la voix qui m’appelait Lucas se trompait… Lucas n’existe plus depuis des années… parce que s’il existait toujours, je serais déjà mort…  

Les pensées se brouillent et se confondent à nouveau et malgré tout, j’entends toujours cette voix qui parle, qui s’inquiète… Pourquoi ne dois-je pas l’entendre ? Se souvenir… se rappeler… Je devais… je voulais… et la douleur s’estompa dans une douceur qui m’enroba et me protégea…

HRP: